Chapitre I 
 
Des origines à la première guerre mondiale (1836-1914) 
 
L'artillerie actuelle dont fait partie le 3ème Régiment a pour origine un bataillon d'artillerie à quatre compagnies levé en 1814 et faisant partie de la Légion Belge. 
 
Au lendemain de la campagne de 1815 se formèrent les bataillons de campagne numéros 2 et 4. Des bataillons d'artillerie de milice furent également créés: les bataillons numéros 2 et 5. Ils furent recrutés dans nos provinces. 
 
En novembre 1830, le Gouvernement Provisoire créait à Mons cinq compagnies d'artillerie de campagne numérotées de 1 à 5. Elles avaient comme noyau des officiers, gradés et soldats du bataillon d'artillerie belge numéro 2. 
 
Un mois plus tard, cinq nouvelles compagnies d’artillerie de campagne étaient créées à Tournai. Ces dix compagnies d’artillerie de campagne formèrent ce qui fut le corps d'artillerie de campagne. 
 
A la même date, le Gouvernement Provisoire créa également quinze compagnies d'artillerie de milice. La plupart de ces unités d'artillerie de campagne et d’artillerie de milice prirent part à la campagne des Dix-Jours en 1831 et s'y distinguèrent. 
 
Par arrêté royal du 4 avril 1834, le corps d'artillerie de campagne prit la dénomination de « Régiment d'Artillerie de Campagne ». A la même date est créé à Liège le 3ème bataillon d'artillerie de siège qui comprend six compagnies. 
 
En avril 1836, trois régiments mixtes d'artillerie de campagne furent créés, dont le 3ème Régiment d'artillerie. Cette décision fut prise par l'arrêté royal du 21 février 1836 qui ordonnait d'enrégimenter les troupes d'artillerie de campagne et de siège mais fut mise à exécution le 1er avril suivant. 
 
Le 3A sera formé par l'Etat-Major et les six compagnies du 3ème bataillon de siège créé à Liège en 1834, de quatre compagnies d'artillerie montée existant à Liège et de trois batteries à organiser. Les batteries montées et de siège porteront les numéros 13 à 18. Le bataillon comportera un Etat-Major, six batteries de siège et une batterie de dépôt. 
 
A propos de la création du 3ème Régiment d'artillerie, nous nous trouvons confrontés à deux versions. 
 
La première met l'accent sur les origines liégeoises de l'unité comme nous l'avons indiqué précédemment. 
 
La deuxième version nous précise la formation du Régiment créé en 1836 et diffère de la première. Ce régiment comprenait les batteries montées, numérotées de 21 à 28, la 29ème batterie montée de réserve, la 30ème batterie de réserve destinée à atteler deux colonnes de munitions d'artillerie, et une batterie de dépôt. 
 
En 1848, une section d'artillerie du 3ème Régiment prit part au combat de Risquons-Tout. 
 
Le 3A participe aux opérations de 1870. Il est réparti entre les quatre premières divisions de l'armée d'observation et est mis successive­ment en position à Haecht, Bautersem, Werchter, puis sur la Méhai­gne et la Meuse et enfin dans les régions de Philippeville, Wellin et Tellin. La bonne opinion qu'avaient acquise les Français de l'armée belge et tout spécialement de son artillerie, contribua sans aucun doute à laisser notre pays en dehors de ce conflit. 
 
Jusqu'en 1908, les batteries montées furent armées du canon de 8,7 cm système Krupp, qui avait succédé en 1882 au matériel Wahrendorf de gem, en usage depuis 1862. Depuis 1897, on avait procédé à des recherches et à des expériences dans le but d'augmenter la puissance du matériel. Le canon de 7,5 cm à « tir rapide », système Krupp, mais construit chez Cockerill à Liège fut adopté en 1906 et mis progressivement en service. 
 
De 1836 à 1940, le Régiment fut l'objet de seize réorganisations plus ou moins profondes. 
 
En 1910, les quatre régiments de campagne se dédoublent pour former huit unités qui constitueront quatre brigades d'artillerie. Ainsi, le 3ème d'artillerie de 1836 donne naissance aux nouveaux 7ème et 8ème régiments d'artillerie tandis que le 2ème d'artillerie de 1836 constitue les nouveaux 3ème et 4ème d'artillerie. Ces régiments vécurent à peine trois ans comme tels. La réorganisation de 1913 est importante; elle jette les bases d'une composition qui, quoique encore modifiée plusieurs fois par la suite n'en restera pas moins celle du Régiment dont le 3A actuel est l'héritier. 
 
Ainsi jusqu'en 1940, des batteries changeront soit de numéros au sein du Régiment soit certaines changèrent même de régiment. En 1936, le 3A par exemple ne comptait plus que deux batteries qui étaient les successeurs directs d'une des batteries de 1836. 
 
Au moment de la déclaration de la guerre en 1914, le 3A, régiment divisionnaire, est en voie de réorganisation depuis le 15 décembre 1913. Il ne comprend encore qu'un seul groupe de canons 75 mm TR à trois batteries (49ème, 50ème et 51ème batteries montées). 
 
Ce groupe, le l/3A ainsi que ceux formés des 9ème, 11ème, 12ème et 14ème brigades mixtes, forme l'artillerie de la 3ème Division d'Armée. C'est cette 3ème DA commandée par le Général Leman qui subira le choc de l'assaut allemand sur Liège. 
 
Après la bataille de Liège, la réorganisation de la 3ème DA dote le 3A d'un second groupe, le 11/3A, composé des 37ème, 38ème et 39ème batteries. 
 
En juillet 1916, I' artillerie de la 3ème DA est centralisée en une brigade d'artillerie à deux régiments; aussi, le 3A ne tarda pas à se dédoubler et à former le 9ème d'artillerie lui-même dissout en 1926. 
 
Le 3A dispose à partir de ce moment d'un troisième groupe, le lil/3A, composé des 43ème, 44ème et 45ème batteries; les 49ème, 50ème et 51ème batteries passent à ce moment au 9A. 
 
En 1917-1918, des batteries de mortiers Van Dorven (MVD), mortiers Schneiders..., sont attachées plus ou moins longuement au Régiment (IVème groupe). 
 
Le 3A violemment engagé tant à Liège qu'à Anvers, Nieuport, Merckem, à la Crète des Flandres ou à Thourout-Tielt où ses groupes gagneront plusieurs citations, se bat avec audace. Le Régiment est en position sur l'Escaut lorsqu'intervient l'Armistice. 
 
Ajoutons que six officiers et vingt-cinq sous-officiers issus du 3ème Régiment d'artillerie participèrent à la fondation de notre colonie et servirent l'état indépendant du Congo durant la période 1877-1908. Onze sous-officiers y laissèrent leur vie. A ce propos, il faut souligner le courage de deux d'entre eux, les sous-officiers Cajot et Closet morts héroïquement en Afrique. 
 
Retour à l'index 
 
 
 
Chapitre II 
 
Le Régiment pendant la guerre 1914-1918 
 
Au moment de la déclaration de guerre, le 3ème Régiment d'artillerie, en voie d'organisation, ne comprenait qu'un groupe de 75 à tir rapide et formé par les 49ème, 50ème et 51ème batteries. 
 
L'artillerie de la 9ème Brigade Mixte comportait un groupe à trois batteries: les 43ème, 44ème et 45ème batteries. 
 
L'artillerie de la 11ème Brigade Mixte comprenait un groupe à trois batteries: les 37ème,38ème et 39ème batteries. 
 
L'artillerie de la 12ème Brigade Mixte comportait un groupe à trois batteries: les 40ème, 41ème et 42ème batteries (futur II/3A). 
 
Après la bataille de Liège la réorganisation de la 3DA apporta de nouveaux changements. 
 
Le 3A se constituait de deux groupes: 
 
I/3A : 49ème, 50ème et 51ème batteries; 
 
II/3A : 37ème, 38ème et 39ème batteries. 
 
En 1916 une nouvelle réorganisation modifia la structure du régiment; I'artillerie de la 3DA fut centralisée en une brigade d'artillerie de deux régiments (3A et 9A). 
 
Le 3A comportait trois groupes: 
 
I/3A : 37ème, 38ème et 39ème batteries; 
 
II/3A : 40ème, 41ème e et 42ème batteries; 
 
III/3A : 43ème, 44ème et 45ème batteries. 
 
Pour la facilité de la lecture du texte nous emploierons ces dernières dénominations dans le résumé ci-après. 
 
Le 6 août 1914, vers 4 heures, les 49ème, 50ème et 51ème batteries se portèrent au plateau de Cointe, d'où elles ouvrirent le feu sur le terrain en avant de la ligne Boncelle-Embourg. Après avoir pris position au plateau d'Ans pour protéger le passage des troupes sur la rive gauche de la Meuse, les batteries s'intégrèrent dans la colonne de marche sur la route de Liège à Hannut où elles arrivèrent le 7 août à 00.30 Hr. La retraite se poursuivit les jours suivants et les batteries prirent position à diverses reprises. 
 
Le 13 août la retraite se poursuivit vers Louvain; une position de rassemblement fut prise dans les plaines de Blauwput afin de reformer les troupes de la Division et le 3A se constitua en deux groupes. 
 
La 3DA se replia alors dans la position fortifiée d'Anvers. Le I/3A participa aux combats d'Aerschot. 
 
Toutes les unités constituant le nouveau 3A avaient étroitement coopéré à la défense de Liège et participé notamment aux combats de Queue du Bois (I/3A), Rabosée et Sart-Tilman (II/3A). 
 
La brillante conduite des troupes constituant le 3A valut au Régiment I'inscription « Liège » sur son étendard, tandis que les Ier et IIème groupes inscrivaient le même fait d'arme sur leurs boucliers. 
 
Le Régiment occupa diverses positions dans la position fortifiée d'Anvers notamment dans le secteur Walhem – Wavre-Ste-Catherine. Les 49ème et 51ème batteries prirent activement part à la défense de Termonde au début de septembre. Elles rejoignirent le Régiment le 9 septembre pour participer à la deuxième sortie d'Anvers. Tandis que la 50ème batterie appuyait le I/12 vers Rymenam et Boortmeerbeek, les autres batteries suivaient le 11ème de Ligne sur la route Kraai - Venne - Keerbergen. 
 
La 39ème batterie installée à Zeept prit en flanc, par un tir très efficace, les troupes allemandes qui marchaient à l'attaque de St-Adrien. Les feux croisés de nos batteries obligèrent l'ennemi à la retraite. Toutes les batteries à l'exception de la 50ème qui appuyait le I/12 prirent une brillante part au combat de Over-de-Vaart les 11 et 12 septembre 1914. Au cours de la retraite vers la position fortifiée, le Régiment eut à nouveau l'occasion de se distinguer en protégeant le repli des troupes de la division. 
 
A partir de ce moment et jusqu'au 6 octobre 1914, date de la retraite vers l'ouest, le 3A assura la défense du secteur Heydonck – Breendonck - Liezele. 
 
La citation « Anvers » accordée par l'Ordre Journalier de l’Armée du 21 juin 1930 aux régiments et aux groupes récompensa les efforts fournis par nos artilleurs pour la défense de la position fortifiée. 
 
 
 
Par Tamise - Lokeren le 3A gagna l'Yser à Nieuport où il fit son entrée le 11 octobre 1914. Après avoir pris et organisé plusieurs positions les Ier, IIème et EM/3A furent mis à la disposition de l'Amiral Ronarch Commandant la brigade de fusiliers-marins français en vue de la défense de Dixmude. Jusqu'au 9 novembre ces unités participeront aux brillants faits d'armes de la brigade de fusiliers-marins français dans la tête de pont de Dixmude. 
 
L'inscription « Yser » sur l'étendard du régiment et « Dixmude » sur les boucliers des pièces des Ier et IIème groupes attestent le dévouement et I'abnégation dont firent preuve ces unités pour la défense du dernier lambeau de notre sol. 
 
Pendant ce temps la 43ème batterie du III/3A s'illustrait à Nieuport et les 44ème et 45ème batteries se distinguaient à St-Georges. L'inscription « Nieuport » sur les boucliers des pièces de la 43ème batterie et << St-Georges » sur ceux des 44ème et 45ème batteries récompensèrent la brillante participation du III/3A à la bataille de l'Yser. 
 
Dès lors commença la guerre des tranchées. 
 
Le 3A occupa divers secteurs et participa journellement au duel d'artillerie. 
 
Au printemps de 1918 I'Allemagne lançait des offensives dans des directions diverses, offensives qui purent être enrayées. 
 
Dans son désir d'atteindre le Pas de Calais, I'ennemi décida de prendre le saillant d'Ypres à revers en attaquant les lignes belges. L'attaque montée dans le plus grand secret se produisit le 17 avril 1918 à l'aube. Soutenu par une formidable artillerie, I'ennemi aborda notre front entre Merckem et Langemarck, secteur tenu par quelques bataillons des 3DI, 9DI et 4DA. Toute l'artillerie de la 3DA était en première ligne et grâce à un service d'observation bien organisé, à une connaissance parfaite du terrain et à une liaison étroite avec I'infanterie elle fut pour la défense une aide puissante et d'ailleurs reconnue. Les tirs de contrebatterie ennemie furent impuissants à entraver l'énergique intervention de nos artilleurs. La victoire nous souriait et une fois de plus nos batteries avaient soutenu leur réputation et bien mérité de la patrie. Notre victoire fut pour l'adversaire une déception coûteuse et humiliante; elle fut pour la cause alliée une grande victoire et une belle page d'héroïsme. 
 
La journée mémorable de Merckem a valu au Régiment une nouvelle citation « Merckem » à inscrire sur son étendard et les boucliers des I, II et III/3A. 
 
Vint alors l'offensive libératrice de 1918. En septembre 1918, le 3A était au repos dans la région Bambecque - Oostcappel (département du Nord) quand il fut averti qu'il ferait partie d'un groupement sous les ordres du général Jacques pour la conquête de la Crête des Flandres. Ce groupement comprenait les 3DI (à laquelle appartenait le 3A), 9DI et 128DI française. 
 
Le secteur d'attaque pour la 3DI est un terrain de grande lutte reconquis sur l'ennemi par les Britanniques après force bombardements; il s'étend au sud-ouest et au sud de la forêt d'Houthulst. Le sol est bouleversé, troué d'entonnoirs, dépourvu de couverts; il n'est guère franchissable pour l'infanterie en dehors des passerelles et des pistes; quelques mauvais chemins de colonne permettent un passage difficile à l'artillerie. 
 
C'est dans des conditions de transport pénibles sous la pluie et sous les rafales ennemies que, dans la nuit du 21 au 22 septembre 1918, les groupes mettent leurs pièces et munitions en place. 
 
C'est dans des conditions de transport pénibles sous la pluie et sous les rafales ennemies que, dans la nuit du 21 au 22 septembre 1918, les groupes mettent leurs pièces et munitions en place. 
 
Le 27 septembre, le Roi lance la proclamation suivante: 
 
SOLDATS, 
 
Vous allez livrer un puissant assaut aux positions ennemies. Aux côtés de vos héroïques camarades britanniques et français, il vous appartient de refouler l'envahisseur qui opprime vos frères depuis plus de quatre ans. 
 
L'heure est décisive. 
 
Partout l'allemand recule. 
 
SOLDATS, 
 
Montrez-vous dignes de la Cause Sacrée, de notre indépendance, dignes de nos traditions et de notre race. 
 
En avant pour le Droit, pour la Liberté, pour la Belgique glorieuse et immortelle. 
 
Le lendemain 28 septembre, après une énergique préparation, I'infanterie donne l'assaut aux formidables positions allemandes. Rien ne résiste à l'élan de nos bataillons que précède le feu roulant de nos batteries. La forêt d'Houthulst, un vrai repère de mitrailleuses dans un terrain défoncé par les obus et tout hérissé de troncs d'arbres nus comme de grands pieux, est enlevé de haute lutte; la progression est rapide, I'artillerie opère un changement de position dans un terrain impossible et, lorsque tombe la nuit, notre infanterie se trouve au pied du Standenberg. Le lendemain, dès l'aube, I'attaque reprend sous une pluie torrentielle, mais qu'importe à nos troupes ! L'heure de la victoire a sonné, rien ne brisera leur élan. Comme Houthulst l'a été hier, Standenberg est conquis aujourd'hui. 
 
Les Allemands, redoutant une nouvelle poussée, profitent de la nuit pour battre en retraite et s'organiser aux lisières d'Hooglede. 
 
L'Ordre Journalier de l'Armée du 14 octobre 1918 autorisa le 3ème Régiment d'artillerie à inscrire sur l'étendard et le bouclier de ses pièces le nom victorieux de « Standenberg ». Tandis que l'infanterie qui avait combattu pendant deux jours et avait subi des pertes sérieuses, passe en réserve, le 3A est mis à la disposition d'une division française, qui reçoit la difficile mission d'enlever le village d'Hooglede. Des tentatives infructueuses amenèrent le Haut Commandement à monter une nouvelle opération de grand style et nos batteries se livrèrent à l'écrasant travail de la constitution de dépôts de munitions dans des conditions qu'il est bien difficile de s'imaginer, pour qui ne les a pas vécues: harcèlement incessant de l'artillerie ennemie, installation lamentable dans un pays sans ressources, ravitaillement insuffisant et précaire en vivres, situation sanitaire mauvaise, toutes causes qui devaient inévitablement produire un épuisement physique des troupes, mais que soutenait un frénétique enthousiasme. Lorsque le 8 octobre elles furent retirées du secteur d'Hooglede, avant l'attaque générale, ce fut pour aller bivouaquer au sud de Moorslede dans des conditions qui n'étaient guère plus favorable et d'ailleurs pour peu de temps. Dans la nuit du 13 au 14 octobre, elles reprennent position à l'est de Moorslede pour soutenir l'infanterie de la 3DI qui va marcher à la conquête de la Lys. 
 
Cette seconde bataille des Flandres fut la réédition de la première: mêmes difficultés, même enthousiasme, même succès. Après trois jours de combats sanglants, nos valeureuses troupes, repoussant partout l'adversaire, I'ont rejeté sur la rive droite de la Lys, et sont relevées le 18 par des forces britanniques. La bataille de la Lys n'avait pas été moins glorieuse que celle de Standenberg et valut aux régiments de la 3DI la citation « La Lys » et l'honneur de porter la fourragère aux couleurs du ruban de l'Ordre de Léopold (Ordre Journalier de l’Armée du 31 janviers 1919). 
 
La victoire de la Lys ne fut pas la dernière grande opération à laquelle le 3A participa. Nous le retrouvons, le 28 octobre, dans la région de Somerghem, à la disposition des 7DI et 8DI, chargées de rejeter hors de ce secteur, I'ennemi accroché au canal de dérivation. Il fallut trois jours d'efforts soutenus pour l'obliger à la retraite et l'activité de son artillerie causa des pertes sérieuses à nos batteries, qui restèrent, sur place, en réserve d'armée. Le 9 novembre, elles furent dirigées vers Sommersacke sur l'Escaut, afin de participer à une nouvelle offensive en direction de la Dendre. Déjà d’énormes dépôts de munitions avaient été constitués et l'heure de l'attaque allait sonner, lorsque survint la signature de l'armistice; en ce jour mémorable du 11 novembre qui, avec tout le soulagement et toute la joie qu'il donnait, laissait malgré tout la vague impression de regret d'une victoire plus complète encore. 
 
Retour à l'index 
 
 
 
Chapitre III 
 
L'entre-deux-guerres 
 
 
 
Le 3ème Régiment d'artillerie est en garnison à Liège depuis 1 913 caserné à Fonck et est affecté à la 3ème Division d'Infanterie 
 
 
 
Le 29 mars 1921, à Beverloo, l'étendard lui a été remis par SM le Roi Albert Ier. 
 
 
 
En 1923, le régiment compte quatre groupes: 
 
 
 
I/3A : armé de canons 75 GP (ancien III/3A de 1916) ; 
 
II/3A : armé de canons de 75 TR (ancien II/3A de 1916); 
 
III/3A : armé de canons 75 TR (groupe de nouvelle création qui ne devient actif qu'en 1926); 
 
IV/3A, armé d'obusiers 105 GP (ancien I/3A de 1916). 
 
 
 
En 1935, un cinquième groupe, armé de canons 75 GP est adjoint au régiment (ancien II/15A). 
 
 
 
En 1939, le 3A est mobilisé à Liège, caserne Fonck. Il comprend cinq groupes hippomobiles: quatre sont dotés de canons de 75 mm TR ou GP et le dernier est muni d'obusiers de 105 mm GP. Toujours affecté à la 3ème DI, il se dédouble et forme le 5A. Les classes les plus anciennes aidèrent à constituer un groupe du 23A et deux groupes du 25A. 
 
 
 
Dès 1940, les cinquièmes groupes du 3A et du 5A servent à créer le premier et deuxième groupe du 25A. 
 
 
 
Le 3A participa à la campagne de mai 1940 depuis la position fortifiée de Liège jusqu'à la Lys où, mis en position, il se battra jusqu'au 28 mai. Il sera cité à l'Ordre Journalier de l’Armée pour sa vaillante conduite lors des hostilités. 
 
 
 
Un monument aux morts du 3A, campagne 1914-1918 et 1940-1945 a été élevé à l'intérieur des murs de la caserne Fonck à Liège. Au cours des deux guerres mondiales, plus de trois cent officiers, sous-officiers et soldats du 3A auront donné leur vie pour la défense de la Patrie. 
 
 
 
Une particularité: ·« les Artilleurs de langue allemande » au 3A. 
 
 
 
Jusqu'en 1930, les recrues originaires des Cantons de l'Est, c'est-à-dire les régions d'Eupen, St Vith, Gemmenich, La Calamine et Moresnet, furent dispersées dans plusieurs régiments mais avec une préférence pour le 3A caserné à Liège. 
 
 
 
A partir de 1931 et ce jusqu’en 1936, les classes germanophones appelées au service militaire furent incorporées au 3A et regroupées dans deux batteries: la 7ème et la 8ème batterie du 3ème groupe. Les recrues y recevaient l'instruction en langue allemande par des sous-officiers originaires de cette région. 
 
 
 
A partir de 1937, les conscrits germanophones furent envoyés soit au 14ème Régiment de Ligne ou au corps de transport hippomobile caserné à Bressous. 
 
 
 
En 1938 néanmoins, lorsque l'armée belge fut placée sur le pied de paix renforcé, les trois classes mobilisées en langue allemande allèrent renforcer le III/3A devenu francophone. Lors de la mobilisation de 1939, ces éléments passèrent au 5A. 
 
Retour à l'index 
 
 
 
Chapitre IV 
 
Le 3ème Régiment d'artillerie et la campagne de 1940 
 
 
 
Mobilisé fin août 1939, le 3A est affecté à la 3DI. 
 
 
 
Il occupe avec cette DI, le secteur nord de la tête de pont de Liège. 
 
 
 
Le 10 mai 
 
 
 
Le régiment (moins le I/3A) sous les ordres du Colonel Offermans appuie la 3DI dans la P.F.L. 
 
 
 
Le I/3A, à la disposition du commandant du secteur Meuse aval, est chargé de l'appui du front Herstal-Visé. 
 
 
 
Dans la nuit du 10 au 11 mai, le 3A change de position et reste en appui de la 3DI qui s'établit sur la rive nord de la Meuse en aval de Liège. 
 
 
 
Le 11 mai 
 
 
 
A 20 heures, le 3A reçoit l'ordre de se replier avec la 3DI en direction de la Méhaigne. Le I/3A a rejoint le régiment. 
 
 
 
Retraite très pénible qui se fait sous la menace des blindés allemands qui ont percé à Vroenhoven et Veldwezelt et s'élancent de Tongres vers le sud et le sud-ouest. 
 
 
 
Le 12 mai 
 
 
 
Les groupes arrivent à l'ouest de la Méhaigne et reçoivent dans l'après-midi l'ordre de continuer le repli vers Flawinne (Namur). 
 
 
 
Le 13 mai 
 
 
 
Arrivées dans la région de Flawinne, les unités reçoivent l'ordre de s'embarquer en chemin de fer dans la région de Charleroi pour être transportées avec la 3DI dans la Flandre Orientale (région d'Aeltre). 
 
 
 
Le 14 mai 
 
 
 
Le I/3A arrive à Lambussart et s'y embarque. A peine embarqué, il subit un bombardement aérien qui lui occasionne des pertes en hommes et en chevaux. Le matériel et les chevaux partent pour Bruges, tandis que le personnel devra attendre jusqu'au 25 pour quitter la région. 
 
 
 
Le II/3A, puis le III/3A, arrivent à Gilly. Le IV/3A arrive dans la région de Charleroi. 
 
 
 
Le 15 mai 
 
 
 
Les groupes sont transportés en chemin de fer et sont dirigés vers Aeltre. 
 
 
 
Le 16 mai 
 
 
 
Le régiment arrive à Aeltre. 
 
 
 
Il a subi certaines pertes au cours de son difficile repli. 
 
Le I/3A est au complet moins deux pièces. 
 
Le II/3A est réduit au quart de son effectif. 
 
Au III/3A, les 7ème et 8ème batteries n'ont plus de matériel. 
 
Au IV/3A, une batterie manque. 
 
 
 
Une réorganisation s'impose et du matériel doit être demandé en renfort. 
 
 
 
Le 22 mai 
 
 
 
Le régiment est recomplété grâce à l'apport des pièces des DRI (32A et 33A). 
 
 
 
Le 23 mai 
 
 
 
Le 3A prend position sur la rive nord de la Lys. Il est chargé d'appuyer la 3DI qui doit défendre le secteur Harelbeke-Oyghem. 
 
 
 
Le I/3A assure l'appui-direct du 1. 
 
Le III/3A assure l'appui-direct du 25. 
 
Le II et IV/3A assurent l'appui-direct du 12. 
 
 
 
Dans l'après-midi, les I/3A et IV/3A exécutent des tirs sur I'ennemi qui prend en certains endroits le contact de la position. 
 
 
 
Le 24 mai 
 
 
 
Les tirs se généralisent sur tout le front dès les premières heures de la matinée. 
 
 
 
Au début de l'après-midi l'ennemi passe à l'attaque. 
 
 
 
Tous les groupes soutiennent de leur feu l'action de l'infanterie au cours de la bataille qui fait rage jusque dans la soirée. 
 
 
 
Vers 21 heures, suite à l'ordre de repli du commandement de la DI, les groupes se retirent au nord du canal de la Mandel. Quelques pièces du II/3A sont chargées de la défense à tir direct des ponts sur le canal à Ingelmunster et Iseghem. 
 
 
 
Le 25 mai 
 
 
 
Dans l'après-midi, les quatre groupes passent aux ordres de la 9DI, I'EM/Régiment est adjoint à la 3DI. 
 
 
 
Les groupes effectuent de nombreux tirs d'appui de l'infanterie engagée dans des combats violents. 
 
 
 
Le 26 mai 
 
 
 
La bataille atteint son point culminant. 
 
 
 
Le I/3A après avoir tiré sans interruption se trouve encerclé vers 12 heures. Les pièces sont mises hors service et une partie du personnel peut échapper à la capture. 
 
 
 
Le II/3A exécute de très nombreux tirs pendant toute la journée. 
 
 
 
Le III/3A participe activement à la bataille par des tirs nombreux et à courte distance et vers 21 heures reçoit l'ordre de changer de position. 
 
 
 
Le IV/3A tire sans arrêt jusqu'à très tard dans la soirée. 
 
 
 
Le 27 mai 
 
 
 
Le II/3A, qui pendant la nuit a pris une nouvelle position près du carrefour de Kruypenaerde, exécute des tirs pendant toute la journée. Il doit, au cours de l'après-midi, assurer sa défense rapprochée, et à 20 heures, faire sauter ses pièces. 
 
 
 
Le III/3A occupe de nouvelles positions dans la région de Waereghem. Après l'exécution de nombreux tirs, le groupe doit assurer sa défense rapprochée dès 13 heures. L'ennemi s'infiltre et vers 15 heures le groupe est complètement encerclé. Il succombe après avoir lutté jusqu'à la fin. 
 
 
 
Le IV/3A qui a pris position à Muizelaan se trouve également pris directement à partie dès la fin de la matinée. La 12ème batterie encerclée fait sauter ses pièces. 
 
 
 
Les 9ème et 11ème batteries parviennent à se replier vers Oostcamp. 
 
 
 
Le 28 mai 
 
 
 
Au moment de la cessation des hostilités, le régiment est réduit à trois batteries. 
 
 
 
D'après une première estimation, les pertes du régiment au cours des dix-huit jours se montent à un officier et quarante-cinq sous-officiers et soldats tués. 
 
Retour à l'index 
 
 
 
Chapitre V 
 
Le 3ème Régiment d'artillerie de 1946 à 1994 
 
 
 
Le 20 mai 1946, le 3éme Régiment d'artillerie en campagne est reconstitué à la nouvelle caserne de Hasselt, au quartier Dussart. Le bataillon reprend l'étendard et les traditions de l'ancien 3ème Régiment d'artillerie d'armée. 
 
 
 
Il comporte trois groupes I, II et III à deux batteries de quatre canons de 25 pdr tractés (25 livres), une batterie état-major, une section administrative, une section topographique et une section transmissions. Son organisation est calquée sur le modèle britannique. Il est de régime linguistique francophone. 
 
 
 
Le 2 septembre 1946, le régiment fait mouvement de Hasselt pour aller occuper le cantonnement du 1er Régiment d’artillerie dans le secteur belge d'occupation en Allemagne. Il s'installe à la caserne Loncin à Euskirchen. 
 
 
 
Du 01 septembre 1946 à décembre 1948, il fait partie de la 1ère Division pour passer ensuite jusqu'en septembre 1951 aux Forces d'Intervention. 
 
 
 
Le 6 décembre 1946, le Ministre de la Défense nationale, le Lieutenant-Colonel BEM De Fraiteur confia l'étendard au Colonel Roskam alors Chef de Corps. 
 
 
 
En 1948, l'unité reçoit du 21A le personnel et le charroi destiné à former la 3ème batterie du I/3A. Il s'agit du futur groupe d'obusiers à trois batteries du régiment d'artillerie d'armée. 
 
 
 
En décembre 1948, le 3A rentre en Belgique, à la citadelle de Liège pour faire partie des troupes d'armée et de la base. 
 
 
 
En 1949, l'unité comprend le commandement (état-major, services et section administrative) et trois groupes (I, II, III). 
 
 
 
En 1950, il prend l'appellation de Régiment d'artillerie moyenne de campagne et appartient à la Force d'Intervention. Il comprendra deux groupes à deux batteries. 
 
 
 
Une nouvelle organisation s'effectue en juin 1951: le passage à l'organisation américaine. Le 3ème Groupe se sépare du 3A pour entrer dans la formation du 20A. Le bataillon est alors doté d'obusiers de 155 mm tractés chenillés. 
 
 
 
Faisant partie dès septembre 1951 de l'Artillerie de la 1ère Division, il sera équipé dès 1960 de matériels à double capacité, conventionnelle et nucléaire, à savoir les obusiers de 8" (203 mm) tractés et les lance-roquettes « Honest John ». 
 
 
 
Le 27 septembre 1951, le 3A fait de nouveau mutation vers Ludenscheid et passe à la 1ère Division d’infanterie, le 1 octobre 1951. 
 
 
 
Le 27 avril 1957, il quitte Ludenscheid pour aller s'établir à Spich. 
 
 
 
L'année 1960 marque la conversion du bataillon d'artillerie divisionnaire de campagne en bataillon d'artillerie divisionnaire à double capacité, conventionnelle et nucléaire. 
 
 
 
Le 3A devient donc le bataillon d'artillerie de la 1ère Division, il est équipé d'obusiers de 8 pouces et de roquettes de 762 mm. 
 
 
 
Réorganisé, il comprend: un état-major et une batterie état-major et services; une batterie d'obusiers de 8 pouces tractés (Batterie A) et une batterie de lance-roquettes « Honest John » de 762 mm (Batterie B). La batterie A du 3A sera cédée au 20A le 11 février 1969 
 
 
 
Cette même année, une compagnie de marche aux ordres du Commandant Wautrecht participe aux opérations du maintien de l'ordre en Belgique pendant la grève de 1960-1961. 
 
 
 
Le 25 août 1960, le 3A déménage à nouveau pour Siegen, où il occupe le Quartier Bricart en permutation avec le 1er Bataillon des Chasseurs Ardennais. 
 
 
 
Le 8 septembre 1961 a lieu le parrainage du régiment par la ville de Liège. Le 23 janvier 1963, le 3A effectue un nouveau déménagement vers Delbruck, où il occupe le Quartier Moorslede. 
 
L'organisation du régiment est alors la suivante: 
 
 
 
- un état-major et une batterie état-major et services; une batterie à quatre obusiers de 8 pouces SP (Self-Propelled); 
 
 
 
- une batterie de lance-roquettes « Honest John » 762 mm; 
 
 
 
- un peloton de sécurité: le 4ème Pl MP/S qui prend le 1 janvier 1965 la dénomination de « Peloton de Sécurité 3A ». 
 
 
 
Dès 1968, le 33 Missile Detachement, unité d'appui américaine, supporte le 3A dans sa mission à capacité nucléaire. Ce détachement prendra en 1970 la dénomination de 33 USA Field Artillery Detachement (33 USAFAD) 
 
 
 
La restructuration de 1969 modifie les missions et la dépendance hiérarchique du 3A qui passe aux ordres de 1 (BE) Corps et est dorénavant composé de deux batteries « Honest John », devenant ainsi l’un des deux bataillons totalement équipé de lance-roquettes 762 mm. 
 
 
 
En 1977, le système « Honest John » est abandonné et est remplacé par le « Lance Missile System », système missile ayant la double capacité, classique mais essentiellement nucléaire. Aussi en février 1978, le 3A, seule unité à être dotée d’une telle puissance de feu, change une dernière fois de matériel et ses deux batteries de tir sont équipées chacune de deux affûts automoteurs (SPL) pour missiles tactiques « Lance ». La cérémonie de remise de ce nouveau matériel a lieu à Spich le 28 janvier 1978. Ce changement nécessite pour une large partie du personnel de suivre des cours de formation spécifique tant à Eschweiller (RFA) qu'à Redstone Arsenal (Grande-Bretagne) et à Fort Sill (USA). 
 
 
 
Pour l’anecdote, c'est d'ailleurs lors du retour des USA que des officiers et sous-officiers du 3A en panne de transport aérien ont bénéficié de l'aide du Ministre belge des Relations Extérieures, Monsieur Tindemans, lequel fut nommé pour ce beau geste « brigadier d'honneur » du 3A le 22 février 1978. 
 
 
 
Le 27 juin 1977, le 3A s'affilie au 1/333 Field Artillery de l'US Army, bataillon équipé également de missiles « Lance » et stationné à Wiesbaden. 
 
 
 
L'organisation du 3A est alors la suivante: 
 
 
 
un état-major 
 
 
 
une batterie état-major et services; 
 
 
 
une batterie A « Lance », cette batterie est parrainée depuis le 10 mai 1986 par l'Amicale Royale du Fort de Pontisse; 
 
 
 
- une batterie B « Lance », cette batterie est parrainée depuis le 26 juin 1977 par l'Amicale des Anciens du Fort de Boncelles. 
 
 
 
L'unité d'appui américaine est toujours le 4 USA Field Artillery Detachement, Le 28 juin 1978, le bataillon quitte Spich pour s'installer avec cette unité d’appui à Werl dans le Quartier Houthulst. Sa vie y est rythmée par divers exercices et manœuvres, tests et inspections nucléaires comme les Nuclear Safety Inspection (NSI), tirs annuels appelés Annual Service Practice (ASP) qui se déroulent en Crète à la Baie de la Suda. 
 
Retour à l'index 
 
Registre général et central des Recettes et Dépenses du 3e Régiment d'artillerie, Liège 1831. 
 
S.G.R./CDH, Historique du 3A (SHFA).